Le chemin doré semblait tout tracé. Premier joueur né en 2000 à apparaître au sein des cinq grands Championnats européens, avec son entrée en jeu le 21 septembre 2016 contre Bordeaux (0-3), contrat professionnel avec le FC Metz et débuts avec le Luxembourg dès ses 16 ans : Vincent Thill avait grillé nombre d'étapes bien avant sa majorité.
Un début météorique pour cet adolescent au pied gauche soyeux, très rapidement escorté d'une pression médiatique et d'une attente populaire trop lourdes à assumer pour ses frêles épaules. « C'était compliqué à vivre parce qu'à 16 ans, tu veux juste jouer au foot sans être surexposé. Mon entourage et le club ne m'ont pas facilité la tâche, mais c'est comme ça, se remémore Thill, sans aucune amertume. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. C'était comme s'ils parlaient d'un nouveau Messi, alors que je jouais cinq minutes en L1 par ci, par là. »
« Dans ce pays, on vous donne plus d'argent, mais vous n'avez pas le droit d'être blessé. Ils n'ont pas le temps »
Vincent Thill à propos de sa blessure à son arrivée à Zira et de la rupture de son contrat avec le club en octobre
Les comparaisons avec Lionel Messi peuvent faire sourire, près de dix ans plus tard. Celui dont les parents avaient dit non au Bayern Munich durant l'été 2016 dans l'espoir de se révéler en Moselle se retrouve sans club à 25 ans et à la recherche d'une énième relance, après avoir été libéré le 22 octobre par Zira, son dernier club en Azerbaïdjan, où il s'était engagé début juillet pour un an et une seconde année en option. « Je ne gagnais pas des millions non plus, mais c'était une offre à ne pas refuser. Je me suis blessé presque immédiatement. Ils n'ont pas pu me soigner correctement et ne voulaient pas que je suive mon traitement au Luxembourg, donc, ils ont décidé de rompre le contrat », regrette l'ailier, qui appréciait le Championnat local.
« Dans ce pays, on vous donne plus d'argent, mais vous n'avez pas le droit d'être blessé. Ils n'ont pas le temps », ajoute toutefois Thill. Incompatible, donc, avec les besoins d'un joueur touché à la hanche droite après sa signature en provenance de Sabah, un autre club azerbaidjanais qui n'avait pas souhaité le prolonger au terme de son contrat de deux ans. « L'équivalent d'un bon club européen. Avec Sabah, on a remporté la Coupe en battant Karabagh en finale (3-2), fin mai. On avait un super centre d'entraînement, tout neuf. J'aimais bien la ville aussi », confie le joueur.
Retrouver un club, pour enfin se lancer
La page Azerbaïdjan refermée à contre-coeur, Thill espère désormais « trouver un bon défi en Europe », dans un club où il « pourra jouer et reprendre plaisir ». Rentré au Luxembourg avec sa femme et son fils de deux ans et demi pour se maintenir en forme, l'international luxembourgeois (57 sélections, 3 buts) lâche : « Les blessures... c'est le foot malheureusement. Une expérience à prendre. Des regrets, j'en aurai seulement si je ne redonne pas un nouveau souffle à ma carrière. Je le regretterai. »
S'il n'a « que » 25 ans, les expériences se sont pour cause multipliées sans se révéler concluantes depuis son départ de Metz, après six petites apparitions et deux prêts à Pau (National, 2018-2019), puis Orléans (L2, 2019-2020). Dans la foulée de son passage d'un an à Madère, au Portugal (2020-2021), Thill a découvert l'Ukraine en 2021, avec le Vorskla Poltava. « Je traînais une pubalgie qui m'a handicapé pendant près d'un an. Et la guerre a repris (le jeudi 24 février 2022) trois jours avant le week-end où je devais enfin rejouer. On a fait trente heures de route avec mon frère Olivier pour quitter le pays en urgence. Après ça, j'ai signé en Suède. »
Une nouvelle destination surprenante. « Je n'ai jamais été dans une situation où j'avais trop le choix au mercato », reconnaît Thill, qui a par exemple eu écho plusieurs années plus tard d'un intérêt de Karabagh en 2020. Mais la Suède l'a séduit, d'abord à Örebro SK, puis à l'AIK (2022-2023) : « Il y a plein de supporters passionnés. J'y ai joué des derbys fous. C'était incroyable et assez inattendu. » De quoi le remettre en selle et lui redonner goût au football avant de s'envoler pour l'Azerbaïdjan, en juillet 2023.
Tout au long de ses aventures aux quatre coins du monde, Thill n'a jamais totalement perdu du regard le FC Metz, son club formateur. Il ne regarde pas les matches, mais suit les résultats des Grenats. Il avait même assisté à un match de Ligue 2 contre Bastia (1-1) au Stade Saint-Symphorien en août 2024. Un appel du pied ? Ce n'est clairement pas d'actualité, Thill dit la page tournée. « Je suis heureux et plus ouvert depuis que je suis père. J'arrive à faire vivre ma famille grâce à ce que j'adore : le foot. Mais si je devais juger ma carrière avec du recul, j'aurais peut-être signé au Bayern au lieu de passer pro à Metz. On a tous appris de cette période. » À Thill d'enfin le prouver dans son prochain club.






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