Non, ici, ce n'est pas la mer Noire... De leur hôtel, les Bleus peuvent apercevoir la Caspienne un peu plus loin. Arrivée, vendredi soir, quelques heures seulement après avoir validé son ticket pour la Coupe du monde (11 juin - 19 juillet), l'équipe de France n'a pas eu le temps de découvrir le cadre étonnant de son dernier match de l'année. Ces jeunes Bleus, débarqués à 22, ne sont pas (totalement) venus en touristes. Entre les tours improbables illuminées façon Las Vegas, les immeubles vestiges de l'époque soviétique barrés d'innombrables drapeaux, ces immenses avenues et ces petites ruelles de la vieille ville : tout, ici, à Bakou, est surprenant.
Une vaste cité à l'identité architecturale diffuse. Un peu de Doha, de Moscou et de Barcelone en même temps. La nappe de pollution et les flammes issues des gisements de gaz en plus. Cette carte postale assez étrange vaut le détour... Certains Bleus, dans un calendrier surchargé, auraient pourtant aimé se passer de ces six heures d'avion et ces deux jours aux confins de l'Europe. Les discussions, en interne, se concentraient ces dernières heures, sur cette thématique-là. Et sur comment se motiver quand on ne joue rien. Ou pas grand-chose. La légèreté ressentie lors de la séance d'avant match samedi soir dans ce drôle stade Tofiq-Béhramov, avec une intensité toute relative témoignait assez bien de l'envie d'en découdre de ce groupe-là.
« Ceux qui seront là auront l'objectif de gagner parce que nous sommes l'équipe de France. C'est un devoir de résultat positif »
Didier Deschamps à propos du match contre l'Azerbaïdjan en conférence de presse
Mais ce passage par Bakou pour affronter l'Azerbaïdjan, une nation, 123e au classement au FIFA, qui n'a jamais marqué un but contre les Bleus, est obligatoire sur la route des Amériques. Les jambes à Bakou, la tête aux États-Unis. Voilà le grand écart de ce dimanche soir (18 heures). Car tous les regards sont déjà braqués sur le rendez-vous de l'été prochain. Bientôt viendra l'heure du tirage au sort (5 décembre), de la visite des potentiels camps de base, des choix des terrains d'entraînement... Ce staff connaît trop la frontière ténue entre la réussite et l'échec lors de grandes compétitions pour ne pas mesurer l'influence de ces détails qui n'en sont pas.
Deschamps aura le temps d'y penser. D'ici là, il doit boucler son année 2025 où, si ses joueurs (six victoires, deux défaites, un nul) n'ont pas toujours été flamboyants (dit autrement, ils l'ont rarement été), ils se sont facilités la qualification. Le patron des Bleus regrettait, ces derniers mois, un manque de repères collectifs de son équipe lié aux absences. Un constat lucide contre lequel il faudra tenter de lutter en mars ou en mai prochain. En attendant, Deschamps sait que ce n'est pas sur un match en Azerbaïdjan que l'on prépare vraiment les États-Unis. Samedi, il n'a pas cherché à faire monter la pression autour de ce rendez-vous : « Ceux qui seront là auront l'objectif de gagner parce que nous sommes l'équipe de France. C'est un devoir de résultat positif », a-t-il sobrement glissé. Alors, « DD », qui a assumé samedi le fait de laisser Kylian Mbappé à Madrid, a décidé de faire tourner.
L'occasion de faire ses preuves pour la Coupe du monde
Très probablement avec un onze totalement différent de celui installé contre l'Ukraine. Histoire de ménager les susceptibilités de clubs, qui surveillent les temps de jeu, mais surtout d'entretenir l'envie des « sans-grade ». Ceux qui doivent valider leurs tickets américains et ceux qui devront pendant près de deux mois, si les Bleus vont au bout, challenger les titulaires et accepter des rôles secondaires...
Le facétieux Ibrahima Konaté, capitaine dimanche soir, mesurait ces défis individuels mais n'était pas là, non plus, pour faire passer ce match à Bakou pour une finale de Coupe du monde. À sa manière, toujours aussi habile, le défenseur de Liverpool anticipait même déjà de potentielles critiques : « Tout le monde veut jouer, tout le monde veut gagner des points. Mais peu importe l'issue du match. Qu'on perde ou qu'on gagne, ça ne change rien du tout. Donc même si le match devait être catastrophique, on est déjà qualifiés. Il ne faudra vraiment pas critiquer et se focaliser sur un match, je vous connais très bien (rires). Mais on va faire l'effort. »
La première de Lucas Chevalier en bleu ne sera pas inintéressante à évaluer. A fortiori dans le contexte agité traversé par le Parisien depuis une semaine. Et pour le reste ? Theo Hernandez, dans sa concurrence à distance avec Lucas Digne, serait bien inspiré de réaliser un match abouti. Il y a toujours un appétit pour voir des joueurs - Zaïre Emery, K. Thuram, Akliouche, Mateta - gérer leurs matches chez les Bleus et affermir ou non leurs positions. « Pour les joueurs offensifs, ce sera un match pour gagner des points et marquer des buts », disait Konaté samedi.
Mais cette fois, ces Bleus ne pourront pas compter sur un slalom de Kylian Mbappé, comme à l'aller (3-0), pour se libérer. L'enjeu du soir se situe aussi là : savoir comment ce groupe, sur le terrain et en dehors, gère l'absence du capitaine. Dimanche soir, vers 21 heures, les Bleus se disperseront dans la nuit azerbaïdjanaise. Quatre mois avant de se retrouver. Quatre mois pour rêver d'Amérique.






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