Pour le FC Nantes, « la honte est du côté de Cardiff » dans l'affaire Emiliano Sala

il y a 6 jours 46

Après trois heures d'audience sur le fond devant le tribunal de commerce, le président de la chambre, précis et clinique dans ses interventions, a donné la date du délibéré dans ce litige, fixée au 30 mars prochain. Puis il a libéré la salle et les deux clubs qui s'affrontent, depuis bientôt sept ans, au sujet du transfert funeste d'Emiliano Sala, symbole de certaines dérives du foot-business. « Je vous remercie de garder votre calme pendant l'audience », avait intimé le juge, en ouvrant les débats, à 16 heures. Il fut écouté, jusqu'à un coup de chaud furtif entre Me Loizon, avocat (français) plaideur de Cardiff City, et Mes Marsaudon et Absil, les conseils du FC Nantes.

L'ÉQUIPE
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On sortait d'un tunnel rébarbatif sur les calculs complexes, à base d'expected goals et d'expected points, qui ont permis au club gallois d'évaluer son préjudice global à 122,2 millions d'euros (dont 2 M€ au titre d'un « préjudice moral ») dans ce dossier, à cause de la perte prématurée de son « actif » argentin, décédé accidentellement le 21 janvier 2019 dans le crash d'un avion privé dans la Manche. « Des chiffres fantasmagoriques » pour la défense du FCN, qui était elle-même accompagnée d'un contre-expert, chargé de démonter les arguments statistiques de Cardiff City, qui ont abouti à ce chiffrage délirant de sa « perte de chance ».

La mère d'Emiliano Sala devait venir à l'audience

Comme les avocats du FCN avaient le privilège, en tant que partie assignée, de conclure la joute, ils l'ont fait sabre au clair. En accusant le club gallois de « faire de ce drame une comédie judiciaire », en dénonçant des « calomnies » et une « volonté de salir la réputation du FC Nantes et de Waldemar Kita (son président) ». « La honte est du côté de Cardiff, qui assigne sans fondement juridique et réclame 122 M€ au titre d'hypothèses contredites », ont-ils asséné. En réaction à ce qu'il qualifie inlassablement d'« acharnement judiciaire », le club de Loire-Atlantique demande à son homologue britannique une indemnisation à hauteur d'1 M€, également pour « préjudice moral ».

Dans la première partie de l'audience, les débats avaient tourné -une nouvelle fois- sur le rôle du sulfureux intermédiaire Willie McKay, acteur central des négociations dans ce dossier douloureux. L'agent écossais, qui s'est démené pour trouver l'avion privé en question, fatal à Emiliano Sala dans son vol, a-t-il agi en tant que mandataire du FCN ? C'est « la question centrale à trancher par le tribunal », selon la défense de Cardiff City. Du côté nantais, on s'accroche à l'agent officiel qui disposait, à l'époque, du mandat de vente de Sala en Premier League : Marc McKay, qui n'est autre qu'un des fils de Willie. « La fable de Cardiff, c'est de dire que Willie McKay est l'organisateur du vol et qu'il est la cause du crash », argumente le FCN.

Des supporters nantais rendent hommage à Emiliano Sala en 2020. (V. Michel/L'Équipe)

L'ombre de Willie McKay au tribunal de commerce de Nantes dans l'affaire Sala

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À 10 000 km de là, une femme toujours inconsolable a pu suivre l'audience par le biais d'une interprète, présente dans la salle, près des conseils de Cardiff, et qui lui a livré un condensé des débats par messages. Mercedes Taffarel, la mère de l'attaquant argentin, aurait dû être présente au tribunal de commerce de Nantes mais son vol vers la France a été annulé. Sollicitée, elle n'a pas souhaité s'exprimer à chaud.

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