Mbappé-Hamraoui : deux audiences et une journée qui compte pour le PSG

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Deux internationaux français réclament plusieurs millions d'euros au PSG, et leur situation doit être examinée lundi par le conseil des prud'hommes de Paris. Bien que très différentes, les deux affaires pourraient être évoquées à la suite. Le club a dépêché deux avocats différents : Me Louzier plaidera le cas Hamraoui. Les avocats de Mbappé trouveront face à eux un des conseils personnels de Nasser al-Khelaïfi, Me Semerdjian.

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Mbappé espère un CDI

Parti en fin de saison 2023-2024 au Real Madrid, Kylian Mbappé fait grief au PSG d'avoir été placé dans le « loft », à l'été 2023. Arguant de son refus de prolonger et de sa volonté de partir libre à la fin de son contrat sans qu'aucun club n'ait à verser d'indemnités de transfert au PSG, le club avait notamment décidé de ne pas l'emmener en stage au Japon. Un véritable bras de fer s'était engagé jusqu'à la mi-août 2023.

D'après le club, un accord avait finalement été trouvé pour que l'attaquant des Bleus, qui voulait partir libre, renonce à certaines sommes en fin de contrat. Il avait alors été réintégré au groupe. « Avec l'accord que j'ai passé avec le président Nasser al-Khelaïfi cet été, peu importe ma décision, on a réussi à protéger l'ensemble des parties », avait dit Mbappé sur RMC, en janvier 2024. Le capitaine des Bleus nie aujourd'hui avoir conclu un tel arrangement et réclame 55 millions d'euros, somme correspondant d'après lui à trois mois de salaire et différentes primes non versées.

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Une loi de 2015 pourrait changer la donne

Plutôt que de s'engager sur la seule voie du harcèlement moral, comme l'avait tenté Hatem Ben Arfa avant lui mais pour un résultat modeste (il avait obtenu 1 euro symbolique en appel mais avait perdu en cassation), Mbappé, qui ne devrait pas être présent à l'audience, demande la requalification de ses CDD en CDI. Cette stratégie était déjà celle portée avec succès par Adrien Rabiot, comme l'avait révélé L'Équipe. Le milieu, qui évolue aujourd'hui à l'AC Milan, avait passé neuf années au PSG (2010-2019) et avait prolongé en 2014.

Devant les prud'hommes, le PSG avait argué que l'emploi de footballeur est par « nature temporaire et saisonnier ». En juin 2025, la cour d'appel de Paris a donné raison au milieu de l'équipe de France : « La nécessité d'adaptation en fonction des performances du salarié concerne tous les employeurs, quelle que soit leur activité », et n'est pas propre au secteur sportif, ont écrit les magistrats.

Pour Mbappé, la situation s'annonce cependant plus compliquée. La mise à l'écart a duré peu de temps et sa prolongation avait eu lieu en 2022 (quand Rabiot avait prolongé en 2014). Or, en 2015, pressentant des difficultés, le parlement français a voté une loi instituant le CDD spécifique au sport, et qui fait du CDD le principe en matière sportive.

Hamraoui réclame 3,5 M€

Le cas de Kheira Hamraoui, lui, est très différent. La joueuse réclame près de 3,5 millions d'euros au PSG. Elle reproche au club son absence de soutien après la violente agression qu'elle a subie en novembre 2021. Des violences qui, selon l'instruction judiciaire, pourraient avoir été commanditées par son ancienne coéquipière au PSG et en équipe de France, Aminata Diallo, sur fond de rivalités sportives (elle nie les faits et demeure présumée innocente en attente d'un éventuel procès).

Kheira Hamraoui a évolué au PSG entre 2021 et 2023. (A. Mounic/L'Équipe)

Kheira Hamraoui porte plainte contre le PSG pour harcèlement moral

Hamraoui estime avoir vécu un enfer entre janvier et septembre 2022, avec une partie du vestiaire liguée contre elle, et certaines joueuses phare de l'effectif (Diani, Katoto) qui avaient pris fait et cause pour Diallo. La milieu s'appuie sur plusieurs échanges de mails entre son agente, Sonia Souid, et le PSG, à l'été 2022, qui démontreraient selon elle que le club aurait fait pression sur elle pour l'inciter à partir avant la fin de son bail.

D'après Sonia Souid, sa joueuse se serait ainsi vue privée d'entraînement collectif ou d'équipement. « J'ai les larmes aux yeux en écrivant ces mots, envoie-t-elle par exemple à l'été 2022. (...) Kheira a bien trop souffert. Elle a été lâchement agressée par deux individus et frappée à coups de barre de fer. Elle a été traînée dans la boue, a perdu sa dignité, a été harcelée sur son lieu de travail par plusieurs coéquipières (...) sans que le club ne réagisse. Et tout cela pour quoi ? Parce que ces femmes marquaient des buts ? Mais dans quel monde vit-on ? »

Elle ajoutait : « Je ne suis pas naïve : je sais que le sport business prime de nos jours et que chacun ne se soucie plus que de ses propres intérêts... Mais je suis désolée, je suis de celles qui pensent qu'un enfant qui se fait harceler à l'école n'est pas celui qui doit changer d'établissement... C'est à son établissement de tout mettre en oeuvre afin de le protéger et de le soutenir (...) Merci simplement d'être digne d'un grand club tel que le PSG ». À l'époque, Diallo n'avait pas encore été mise en examen pour « violences aggravées » - elle ne le sera qu'en septembre 2022.

Des joueuses et des membres du staff avaient plaidé pour un départ des deux joueuses

Au printemps 2022, le PSG avait diligenté, sous l'égide de la CSSCT (la Commission santé, sécurité et conditions de travail), une enquête qui avait conclu à l'absence de harcèlement moral mais à de très fortes tensions dans son vestiaire. De nombreuses joueuses et membres du staff avaient été interrogés. Selon nos informations, plusieurs d'entre eux, à cette période, avaient plaidé en privé pour le départ d'Aminata Diallo mais aussi de Kheira Hamraoui, estimant l'ambiance trop néfaste et le climat irréversible.

« Le PSG est un grand club, bravo ! Mais les grands clubs ont des devoirs encore plus que les autres car ce sont des modèles, réagit l'avocat d'Hamraoui sur ce dossier, Me Pascal Garbarini. Ma cliente est victime d'une agression inadmissible qui fait l'objet d'une procédure pénale dans laquelle une de ses coéquipières est impliquée. Kheira Hamraoui aurait dû être entourée au lieu de quoi le club l'a écartée de l'équipe, a détruit ainsi son image, sa carrière y compris en équipe de France (...) Le préjudice de ma cliente est énorme. »

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Le club, lui, a toujours affirmé avoir protégé physiquement sa joueuse en lui mettant à disposition des agents de sécurité, mais aussi psychologiquement en lui apportant toute l'aide nécessaire, notamment via la médecine du travail. Le PSG affirme s'être séparé d'Aminata Diallo et avoir proposé plusieurs clubs prestigieux à Kheira Hamraoui, avant que celle-ci n'oppose une fin de non-recevoir. Elle aurait alors repris la saison normalement à partir de septembre 2022, enchaînant les matches jusqu'à sa fin de contrat, en 2023. Le club a toujours répété ne l'avoir jamais mise à l'écart et s'être constitué partie civile, dans l'information judiciaire sur l'agression, aux côtés d'Hamraoui.

Au pénal, les enquêtes suivent leur cours
Parallèlement aux procédures prud'homales, les enquêtes pénales suivent leurs cours. Si Kylian Mbappé a retiré sa plainte pour harcèlement moral déposée contre le PSG, l'information judiciaire qui avait été ouverte se poursuit. Kheira Hamraoui, elle, a été entendue en qualité de victime par la police en octobre dernier, après avoir porté plainte pour harcèlement moral contre le PSG. L'information judiciaire ouverte après son agression est terminée. Un réquisitoire doit être prochainement rendu par le parquet de Versailles.
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