En Europe, du moins, le cas de l'US Concarneau est certainement unique. Quelle équipe déroule son Championnat dans trois stades différents, dont aucun dans sa propre ville ? Probablement aucune, excepté donc la formation finistérienne qui, pour ses rencontres à domicile, joue à Guingamp, Brest et Lorient, car son stade n'est pas aux normes de la Ligue 2.
Cette incongruité explique peut-être en partie le démarrage poussif du promu, plus petit budget du Championnat, aux alentours de 6 M€, dont une grande partie, environ 1 M€, est consacrée aux coûts des rencontres à la maison... délocalisées. Le chemin de Concarneau était dès le départ semé d'embûches et beaucoup ont alors pensé qu'il n'y arriverait pas.
Si les planètes ont mis un certain temps à s'aligner, c'est en grande partie à cause d'un mercato estival très compliqué selon Stéphane Le Mignan, l'entraîneur des Thoniers : « Le groupe n'a été constitué qu'en toute fin du mois d'août. Le manque d'attractivité du club, le déficit d'image, ont sûrement joué dans notre recrutement. Même des clubs de National nous ont devancés sur certains profils. Après, il a fallu qu'on apprenne tous à se connaître, à mesurer la complémentarité de certains et leur bonne place sur le terrain. »
Malgré l'urgence dans le recrutement, la panique n'a pas gagné le staff, ni les joueurs en début de saison, rassurés par le contenu, que ce soit à Bordeaux (0-1, le 14 août) ou face à Caen (0-2, le 19).
« Au début, c'est certain, il fallait digérer l'ambiance, les stades. On se posait trop de questions en abordant les matches »
« On n'a pas gambergé parce qu'on jouait plutôt bien, confirme Guillaume Jannez, 34 ans, qui entame sa 17e saison au club. Au début, c'est certain, il fallait digérer l'ambiance, les stades. On se posait trop de questions en abordant les matches. Avec les à-côtés, il y avait une dépense d'énergie avant de jouer. Mais on ne prenait pas des tôles à se dire "Qu'est-ce qu'on fait là ?". Et puis il y a eu la première trêve internationale, qui a changé beaucoup de choses. Et on a trouvé l'efficacité avec cette première victoire à QRM (3-2, le 16 septembre). Un tournant pour moi », dit-il convaincu.
Un groupe constitué et du temps pour faire des ajustements sur le terrain ont été déclencheurs pour aller gagner en Normandie. Et inscrire trois buts en une mi-temps ce soir-là en a libéré certains. On pense à ceux qui se sont révélés, comme Nassim Chadli (22 ans) ou Baptiste Mouazan (21 ans), ou à l'ancien attaquant de Niort et du Havre, Pape Ibnou Ba, auteur de cinq buts dont deux doublés contre Dunkerque (4-3) et l'AC Ajaccio (2-1).
Deux succès obtenus à chaque fois en fin de rencontre, emportant avec eux leur lot de confiance. « Les buts sont arrivés, cela change tout. Il y a eu des victoires, des remontées au score et cela n'a pas de prix pour avoir plus d'assurance », confirme un Stéphane Le Mignan qui avait dû faire des choix. Notamment concernant des joueurs qui avaient participé à la montée. « L'intersaison avait été délicate et forcément on a dû faire des choix sur des joueurs en fin de contrat, mais il fallait prendre de la hauteur et ne pas avoir d'hésitation. »
Concarneau est invaincu depuis quatre matches, avec trois succès et une performance majeure sur la pelouse du leader Laval (3-0), lors de la dernière journée. Pas de quoi faire tourner les têtes. Et l'élimination en Coupe de France à Saint-Brieuc (N2, 3-3, 3-5 aux t.a.b., le 17 novembre) s'en est chargée. « C'est embêtant, mais c'est une bonne piqûre de rappel. On est des ovnis parmi tous ces grands clubs en L2. On est contents d'être là et d'avancer. On est dans un marathon. On verra où on en est à la trêve hivernale », tempère Le Mignan.