La Coupe du monde 2026 n'a pas encore commencé que, déjà, l'un de ses matches crée la polémique. La rencontre Égypte - Iran, programmée à Seattle le 27 juin, a été désignée comme « match des fiertés », le Pride Match en VO. Le comité d'organisation local (PMAC) avait validé depuis longtemps l'idée de célébrer la communauté LGBT+lors de ce rendez-vous prévu au Lumen Field le dernier week-end de juin.
Mais le tirage au sort effectué vendredi à Washington a réservé une drôle de surprise : une affiche entre deux pays où l'homosexualité est condamnée. En Iran, elle peut conduire à la peine de mort. En Égypte, les lois sur la moralité servent régulièrement à réprimer droits et relations des personnes LGBT+. Ce choix est donc loin de faire l'unanimité.
« C'est extrêmement étonnant, surtout au regard de l'attitude de la FIFA lors de la Coupe du monde au Qatar, où elle avait mené une guerre totale contre les sélections européennes qui voulaient porter le brassard One Love », pointe Julien Pontes, porte-parole du collectif Rouge Direct, engagé contre l'homophobie dans le football. « À la lumière du Mondial qatari, on peut nourrir de sérieux doutes sur la sincérité de ce choix. »
Une date prévue depuis longtemps
Au Qatar, des supporters avaient même vu leurs objets arc-en-ciel confisqués par les forces de sécurité. « Peut-être est-ce un mal pour un bien, puisque cette Coupe du monde reste une vitrine exceptionnelle pour sensibiliser aux LGBTI-phobies », estime de son côté Jean-Bernard Moles, coprésident du Cleved (Comité de lutte contre les violences et les discriminations) de la FFF.
Un porte-parole du PMAC a expliqué à Outsports, média britannique dédié aux enjeux LGBT+dans le sport, que « le Pride Match a été programmé pour célébrer la semaine des Fiertés à Seattle et dans tout le pays, et planifié de longue date ». « Il s'agit d'une initiative portée par la ville hôte pour affirmer l'engagement de Seattle et de l'État de Washington à créer un environnement accueillant et inclusif pour tous : joueurs, fans, résidents et visiteurs. Le football a ce pouvoir unique de rassembler au-delà des frontières, des cultures et des croyances », a-t-il ajouté.
« Créer une polémique ne favorise pas forcément la prise de conscience sur ce fléau qu'est l'homophobie »
Julien Pontes, porte-parole du collectif Rouge Direct, engagé contre l'homophobie dans le football
Une justification qui laisse Julien Pontes perplexe : « On s'interroge sur la manière dont la FIFA compte faire passer un message réellement efficace, partagé par toutes les nations du Mondial aux États-Unis. Notre inquiétude porte sur l'impact réel de l'initiative. Créer une polémique ne favorise pas forcément la prise de conscience sur ce fléau qu'est l'homophobie. » Même prudence chez Jean-Bernard Moles : « Reste à savoir si la FIFA en fera un véritable événement, avec une communication forte et une mise en scène assumée, ou si elle cherchera au contraire à le rendre discret, presque inaudible. »
S'il a bien lieu, ce match des fiertés tranchera radicalement avec l'ambiance du Mondial 2022 au Qatar. Même si Julien Pontes craint des conséquences négatives : « Quand l'homophobie prend sa source dans une religion, elle est particulièrement difficile à déconstruire. On s'interroge profondément sur l'impact de ce choix. »
Avant de conclure son communiqué, STOP Homophobie demande que le symbole soit suivi d'actes concrets : « Que les droits des supporters, des athlètes et des personnes LGBT+dans ces pays soient reconnus, protégés, et surveillés... et que justice soit rendue pour celles et ceux qui continuent d'être arrêtés, torturés, emprisonnés simplement pour ce qu'ils sont. »








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