La destitution de Mohamed Salah pourrait se révéler aussi spectaculaire que ne le fut son règne. Lundi, lors de la conférence de presse précédant le match Inter-Liverpool, il a été demandé à Arne Slot si l'ailier de 33 ans évoluerait à nouveau sous le maillot des Reds, ce qui a suscité cette réponse lapidaire : « Je n'en ai aucune idée. » C'est ainsi que, le Pharaon, légende absolue du club avec lequel il a tout gagné depuis son arrivée en 2017, pour lequel il a inscrit 250 buts en 420 apparitions, semble proche de quitter son trône liverpuldien, dans un climat de ressentiment généralisé, selon un scénario qui rappelle les adieux sans gloire de Cristiano Ronaldo à Manchester United il y a tout juste trois ans.
Dans les deux cas, les histoires d'amour qui unissaient ces attaquants hors-norme à des institutions du foot anglais ont pris une tournure toxique à la suite d'interviews incendiaires, celle donnée par CR7 à Piers Morgan en novembre 2022, et celle accordée en zone mixte par Salah, samedi, après le match nul à Leeds (3-3). À cette occasion, l'Égyptien, vexé d'avoir été mis sur le banc lors des trois dernières rencontres, avait lancé : « Le club m'a jeté en pâture ("thrown under the bus" en V.O.). » Avant d'ajouter, à propos de Slot : « Je n'ai plus du tout de relation (avec lui), je ne sais pas pourquoi, mais il me semble que quelqu'un veut me faire partir. »
Depuis, ces propos ont été relayés, disséqués et commentés par la presse outre-Manche, suscitant une hystérie médiatique qui s'est prolongée lundi. Des rumeurs indiquant que Salah ne serait pas intégré dans le groupe se déplaçant à Milan ont laissé place à des images tout sourire du joueur à l'entraînement, à Liverpool, avant que, dans l'après-midi, ne soit officialisée sa mise à l'écart pour le match contre l'Inter. Une décision prise par Slot, avec le soutien de sa direction sportive, et que l'entraîneur néerlandais a dû justifier en fin de journée, face aux médias : « Mo a le droit de ressentir ce qu'il ressent, mais il n'a pas le droit de le partager avec les médias. Et s'il le fait, on se doit de réagir. »
Mais Slot s'est montré moins catégorique sur la suite des événements, indiquant à la fois qu'il n'avait pas définitivement fermé la porte à Salah (« Il est toujours possible pour un joueur de revenir »), sans pour autant confirmer que son attaquant serait retenu pour la rencontre face à Brighton, samedi. « On reconsidérera la situation », a-t-il déclaré. L'enjeu est d'importance, car après ce match face aux Seagulls, le Pharaon partira disputer la Coupe d'Afrique des nations et il pourrait, dans la foulée, répondre aux sirènes du Championnat saoudien lors du mercato hivernal.
En attendant de savoir si Salah sera en mesure, ou pas, de rejouer un jour pour un club auquel il est si profondément associé, son image à Liverpool est déjà profondément ternie, comme en ont témoigné, lundi, les prises de parole d'anciens grands noms des Reds. Depuis Graemme Souness sur Talk Sport (« Il n'a pas été respectueux envers ses coéquipiers, les supporters et le club ») jusqu'à Jamie Carragher, qui a affirmé sur Sky Sports : « Mo a choisi ce moment pour parler, après un mauvais résultat et un but concédé à la dernière minute (Leeds avait égalisé à la 90e+6), parce que les joueurs, les fans et le manager étaient dégoûtés. Je pense qu'il espérait que le manager se fasse virer (après la rencontre). » Pour l'heure, Slot sort plutôt renforcé de cet épisode et Salah particulièrement fragilisé.
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