Son doublé pour sa première sélection en Espoirs (6-0 face aux îles Féroé, le 10 octobre) a marqué les esprits autant que son début de saison convaincant avec Toulouse (12 matches de Ligue 1, dont dix comme titulaire). Pourtant, Dayann Methalie (19 ans) préfère « ne pas faire attention » à l'agitation autour de lui pour « ne pas dévier », dit-il, de sa trajectoire. Maintenant que le gaucher est lancé.
« Vous êtes passé d'aucun match en pro à titulaire et auteur d'un doublé chez les Espoirs en quelques mois. Comment l'avez-vous vécu ?
Très bien, mais c'est dingue de voir à quel point ça va vite. Ne pas jouer du tout la saison dernière m'a servi (12 feuilles de match avec les pros). Ça m'a préparé à tout ça. Aujourd'hui, je joue mon football sans me prendre la tête. Il y a eu un déclic. La saison dernière, le coach (Carles Martinez Novell) me reprochait de ne pas mettre de personnalité dans mon jeu. C'est ce que j'ai corrigé durant la préparation. Je lui ai montré de quoi j'étais capable. J'ai aussi beaucoup travaillé à l'extérieur.
C'est-à-dire ?
Une psychologue m'a beaucoup aidé. On a cherché la bonne personne pour que je puisse exprimer mes qualités. Je sens clairement un changement.
« Il fallait juste continuer à travailler. C'est ce que j'ai fait »
Dans l'acceptation de votre rôle ? Le fait d'être plus patient ?
Exactement, parce que je ne suis pas très patient. (Rires.) Ça m'a permis d'accepter les choses comme elles sont. Qu'un jour, ma chance allait venir. Il fallait juste continuer à travailler. C'est ce que j'ai fait. C'est sûr qu'il y a des moments où j'ai douté. J'ai eu des coups de mou. Je me suis appuyé sur ma famille et mes proches, ma mère surtout, qui est très protectrice, pour faire un travail sur moi. Le coach aussi m'a toujours encouragé. Aujourd'hui, il est content de ma progression. C'était à moi de me bouger.
Quand avez-vous pris conscience de votre potentiel ?
Le foot a toujours été ma passion. Mais quand j'étais petit, c'était un rêve. Je voulais juste jouer avec mes potes. J'ai commencé à le prendre au sérieux après le Pôle Espoirs (de Castelmaurou, 2019-2021), où on m'a changé de poste. Je suis passé latéral gauche, alors que j'étais un excentré offensif. Je dois beaucoup à David Marraud (directeur de 2012 à 2022). À la sortie, j'ai signé mon premier contrat aspirant. C'est là que j'ai compris que j'avais d'énormes qualités. Même si j'ai toujours été rapide, contrairement à mon frère (Kevan, 17 ans, dans le groupe Espoirs du Paris Basket). (Rires.)
Cette fougue, qui vous vaut d'être l'un des joueurs qui a commis le plus de fautes cette saison en Ligue 1 (23), fait aussi partie des points à améliorer.
C'est vrai que je mets beaucoup d'énergie dans tout ce que je fais. J'ai l'esprit foufou parfois. Il faut que j'apprenne à gérer ça, à le canaliser. Mais je suis jeune, je vais apprendre. Je commence à comprendre le métier. Au début, je jouais beaucoup sur l'adrénaline. J'ai un peu plus de maturité maintenant. Cette énergie reste une grande qualité, pour moi.
« Je souhaite à tous les Pitchouns d'avoir le même chemin que moi. C'est une fierté »
Vos récentes performances ont déjà convaincu Toulouse de prolonger votre contrat jusqu'en 2030. Que cela représente-t-il ?
Beaucoup. Ça fait plus de 10 ans que je suis là-bas (il est arrivé au TFC à l'âge de 8 ans en provenance de Colomiers). C'est un peu comme une deuxième maison, le centre de formation, tout ça... Quand, plus jeune, j'allais voir des matches au Stadium, je n'avais qu'une seule envie, y jouer. Le premier jour où ça s'est passé, j'avais des étoiles plein les yeux (2-0 contre Brest, le 24 août). C'était incroyable. Quand j'ai prolongé, j'ai voulu partager ce moment avec les autres Pitchouns du club. Parce qu'à Toulouse, on est très fusionnels. C'était important pour moi. Ça m'a rendu fier.
Avez-vous des modèles ?
Non. Je ne m'inspire pas trop des autres. Je ne suis pas comme ça. Moi, j'aime juste le football.
Pensez-vous en être devenu un alors ?
Ça ne m'avait pas traversé l'esprit, mais ça ne me dérange pas d'être un exemple pour les générations à venir. Je souhaite à tous les Pitchouns d'avoir le même chemin que moi. C'est une fierté.
Quels sont vos objectifs cette saison ?
Enchaîner les matches, sans blessure, et assurer une place de titulaire. En club comme en sélection. J'ai rêvé d'être là. J'espère que ça va continuer. »






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