Luis Enrique a déserté le Campus de Poissy pour se rendre chez lui, dans le nord de l'Espagne, et il n'y a personne au PSG pour le blâmer. « Il est mieux là-bas au soleil, rigole-t-on en interne. Ici, il n'y a pas de joueurs pour s'entraîner. Même pas pour faire un 5 contre 5. » Avec 18 joueurs mobilisés lors de cette trêve de novembre, le club de la capitale est le principal pourvoyeur d'internationaux en Ligue 1. Parmi les éléments habitués au onze, seul Beraldo n'a pas été appelé par le Brésil.
De mardi à jeudi, les séances ont principalement concerné les blessés - Nuno Mendes, Achraf Hakimi, Ousmane Dembélé et Désiré Doué - pour un suivi physiologique avec le médecin du club. Les temps de passage sont pour l'instant respectés. Avec un retour à la compétition espéré fin novembre concernant Mendes et Dembélé.
Une opportunité d'intégrer des jeunes
La période, pour le staff et la direction sportive, a surtout été propice pour se projeter sur les prochaines échéances. Le PSG disputera, le 17 décembre à Doha, la Coupe intercontinentale et la partie logistique a occupé une bonne partie des discussions.
Parmi les clubs les plus impactés par cette séquence internationale, Lyon et Rennes ont, eux, pris le parti de faire monter des jeunes pour les voir à l'oeuvre. Et faire le nombre. « La trêve permet aussi à certains joueurs de couper un peu et à d'autres de se remettre à niveau physiquement », souligne Loïc Désiré, le directeur sportif des Rouge et Noir. La même logique a prévalu à Lyon, où Rachid Ghezzal et Hans Hateboer ont été davantage mis à contribution pour combler une partie de leur retard (1).
Pour les autres, « on a surtout axé le travail sur des détails, par groupe, les défenseurs ensemble par exemple », souligne l'adjoint de Paulo Fonseca, Jorge Maciel. Avec une attention particulière portée à la récupération « parce que d'ici à la trêve de Noël, on n'aura qu'une semaine normale ». Comprendre : une semaine sans Coupe d'Europe. Contrairement à Rennes et Monaco, qui ont repris respectivement jeudi et vendredi, l'OL a privilégié la fin de semaine pour octroyer quatre jours de repos à ses joueurs.
Si l'OM, par l'intermédiaire de son entraîneur Roberto De Zerbi, avait fait savoir que le programme resterait copieux - « car je veux enfin travailler ce qu'on n'a pas eu tant l'occasion de faire avec l'enchaînement », la récupération a été le maître-mot dans les autres clubs. À commencer par Angers. « Déjà qu'en temps normal, on est en groupe réduit... On n'a pas le choix », rigole le directeur sportif Laurent Boissier.
« Si certains ont besoin de repos, c'est bien aussi. L'important, c'est que cette période soit régénératrice tant sur le plan athlétique qu'émotionnel »
Pierre Sage, entraîneur de Lens
Même tonalité à Toulouse, où le travail a été davantage individualisé (2). « Tous les joueurs ne sont pas là mais on arrive à travailler correctement, sur des choses dont on a besoin, sur les aspects tactiques notamment, explique l'entraîneur de Nantes Luis Castro. Forcément, quand on a que 12 joueurs de champ et les gardiens, les exercices sont différents mais on arrive à trouver des solutions. » Contrairement au FCN, qui ne dénombrait pas suffisamment de joueurs, Lorient a même eu le luxe d'organiser une opposition entre le groupe pro et sa réserve.
À Lens, un jour de repos de plus - quatre au lieu de trois - avait été octroyé après le succès décroché à Monaco (4-1). Avec des membres du staff à la disposition de ceux qui le souhaitaient. La bonne surprise a été de constater que la moitié de l'effectif s'était rendue à la Gaillette mercredi, veille de la reprise. « Ça veut dire que les joueurs se prennent en main. Mais c'est à leur discrétion, il n'y a pas de caractère obligatoire. On ne juge pas, insiste l'entraîneur Pierre Sage. Si certains ont besoin de repos, c'est bien aussi. L'important, c'est que cette période soit régénératrice tant sur le plan athlétique qu'émotionnel. »
« Les sélections ont besoin de comprendre comment travaillent les clubs. On leur a fait des rapports. S'ils en tiennent compte, tout ira bien »
Luis Castro, entraîneur de Nantes
Dans la planification des séances, la réception de Strasbourg (samedi à 17 heures) ne sera réellement abordée que cette semaine. Cela n'a pas empêché le coach lensois et son staff de se projeter : « Notre défenseur Jonathan Gradit sera suspendu. On a envoyé Pierre-Ismaëlo Ganiou jouer avec la réserve contre Feyenoord pour récupérer des minutes et prendre du rythme. Ça peut être une opportunité pour lui. »
Davantage que la contrainte de devoir faire sans une partie de leurs forces vives, la principale source d'inquiétude pour les clubs concerne l'état dans lequel ils récupéreront leurs internationaux. Le PSG, par exemple, maintient un contact régulier avec ses joueurs pour s'assurer que tout est sous contrôle. « Les sélections ont besoin de comprendre comment travaillent les clubs, insiste Luis Castro. On leur a fait des rapports. S'ils en tiennent compte, tout ira bien. »
Pour les Nord et Sud-Américains ainsi que pour les Africains principalement, les voyages à rallonge et certains retours tardifs contribuent à cette problématique. Maciel se souvient que, lorsqu'il était en poste à Lille, Jonathan David avait directement rallié Lorient depuis le Canada. « Cette saison, Moussa (Niakhaté, avec le Sénégal) n'est revenu que la veille du match à Nice (3-2, le 18 octobre). Tanner Tessmann (États-Unis) ne reviendra de sélection que vendredi pour le match du dimanche (à Auxerre). » Avec son regard de directeur sportif, Désiré apporte un point de vue différent : « Avoir beaucoup d'internationaux, c'est valorisant. On ne peut pas tout avoir. »
« Pour nous, c'est une vraie trêve de travail. Quelques-uns de nos blessés sont revenus à des degrés de forme différents. Il faut remettre tout le monde au même niveau physique. Pour ceux qui ont le plus de temps de jeu, il faut aussi régénérer les organismes et les têtes. On est dans une période où on doit retrouver un peu de confiance. Le deuxième objectif, c'est de repréciser le projet de jeu. On a moins le temps de le faire en semaine de compétition. L'aspect mental compte énormément. On leur a laissé le week-end avec une reprise mardi. Il faut aussi savoir les lâcher. Sur ce plan-là, oui, c'est un avantage. Parce que ceux qui sont en sélection ne coupent pas. »






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