Mercredi, L'Équipe dévoilait le nouveau dispositif de la LFP pour lutter contre les discriminations et le racisme ce week-end puis l'homophobie en fin de saison, lors de la 34e et dernière journée de Ligue 1 (38e de Ligue 2). Le numéro floqué aux couleurs de l'arc-en-ciel disparaît, cédant la place à deux badges : un premier avec le logo de la compétition (L1 et L2) aux couleurs de la communauté LGBTQ +, et un deuxième, au fond noir, sur lequel est écrit « football homophobie », avec ce mot barré en rouge.
SOS Homophobie nous annonçait s'être désolidarisé de cette opération, considérant que « la LFP n'allait pas assez loin ». Partenaire depuis le début de l'opération, le PanamBoyz & Girlz United, autre participant aux réunions à la Ligue, notamment celle entérinant la fin du numéro arc-en-ciel, s'est aussi désolidarisé.
« Ces dernières années, nous montions en régime, en passant des lacets aux couleurs arc-en-ciel, aux brassards des capitaines puis aux numéros des joueurs sur les maillots ces trois dernières saisons. Nous sommes particulièrement choqués et heurtés de la manière dont le symbole de la lutte LGBT + contre l'homophobie va être invisibilisé », nous explique Bertrand Lambert.
« Ça donne l'impression de donner raison à ceux qui refusaient de le porter (le brassard arc-en-ciel) »
Le président du PanamBoyz & Girlz United estime qu'il fallait, au contraire, « persévérer » et « convaincre les joueurs réticents en faisant de la pédagogie ». À savoir les ateliers de lutte contre les discriminations (racisme, antisémitisme et homophobie) dans les clubs et en s'appuyant sur l'exemple de Kévin N'Doram. Le milieu du FC Metz avait dirigé l'entraînement du PanamBoyz & Girlz United après avoir tenu des propos homophobes.
« Ça donne l'impression de donner raison à ceux qui refusaient de le porter. » L'année dernière, cinq joueurs étaient dans ce cas : les Toulousains Zakaria Aboukhlal, Moussa Diarra et Saïd Hamulic, le Nantais Mostafa Mohamed et le Guingampais Donatien Gomis. Ils avaient avancé des raisons culturelles ou religieuses. Et ravivé la polémique ouverte par les Parisiens Idrissa Gueye et Abdou Diallo en 2022. « On va passer de maillots avec des numéros très visibles à un tout petit logo sur une manche », se désole Bertrand Lambert.
« Quand la LFP a présenté le nouveau maillot lors de différents ateliers, certains joueurs ont dit : "Il y a encore le symbole arc-en-ciel, ça me pose problème." »
Il parle de « recul dangereux ». « On se dirige vers une campagne qui ne fera pas de vague. Or, ce n'est pas en retirant les couleurs arc-en-ciel qu'on va donner l'impression que tout va mieux. C'est même le contraire. Être obligé de faire marche arrière démontre bien qu'il y a un problème central par rapport à l'homophobie. Ce problème est toujours loin d'être réglé. » D'autant que, comme il le rappelle, « quand la LFP a présenté le nouveau maillot lors de différents ateliers, certains joueurs ont dit : "Il y a encore le symbole arc-en-ciel, ça me pose problème." »
Autre problème : « La couleur principale de l'opération est le noir, elle n'a aucune symbolique dans notre combat. On a donné satisfaction aux joueurs en mettant sur un même niveau les campagnes de lutte contre le racisme et contre l'homophobie. C'est une bonne chose en soi : il n'y a pas à faire de hiérarchie entre les discriminations. Mais à trop vouloir dupliquer les mêmes logos, couleurs, d'une campagne à une autre, alors que les ressorts symboliques des causes défendues sont si différents, nous avons perdu côté LGBT, ce qui faisait la force de cette action. » En prenant cette décision, le PanamBoyz & Girlz United et SOS Homophobie ne toucheront pas une partie des gains générés par la vente aux enchères des maillots de cette journée, organisée par la LFP.