À l'annonce des équipes, son nom a été sifflé par les nombreux fans d'Arsenal qui garnissaient l'Emirates Stadium, car on n'aime pas trop les joueurs de Chelsea, dans le quartier. Mais Estevao a eu vite fait de retourner ce public hostile, samedi après-midi, en marquant le premier but du Brésil contre le Sénégal (2-0) et en assurant le spectacle. Il est ainsi sorti sous des applaudissements mérités, quand Luiz Henrique, désormais derrière lui dans la hiérarchie des attaquants de la Seleçao, l'a remplacé (83e).
Quelques instants plus tard, en quittant les travées, les supporters des Gunners ironisaient sur le fait que le jeune crack des Blues avait marqué dans leur stade avant Noni Madueke, leur très chère (60 M€) et décevante recrue de l'été. C'est cruel, mais Estevao, c'est autre chose, et un autre niveau : à 18 ans, l'ancien prodige de Palmeiras est en train de gagner sa place en équipe nationale, boosté par la confiance que lui donne Carlo Ancelotti en l'absence de l'ailier du Barça Raphinha, blessé à la cuisse droite. « Estevao a un talent incroyable, c'est surprenant qu'il atteigne déjà ce niveau à son âge, l'a encensé le sélectionneur italien après la victoire. Il est bon devant le but, il a beaucoup de "magie" dans son jeu... et il travaille très dur. Avec lui, le Brésil a un avenir assuré. »
Et un présent, aussi, tant le jeune gaucher semble déjà mûr pour la haute altitude. Il a d'ailleurs été le principal responsable, avec Vinicius, de l'asphyxie générale du Sénégal en première période, samedi. Au-delà de l'intensité qu'il a mise dans le pressing et de ses multiples percussions ballon au pied, il a encore été décisif en débloquant la rencontre, comme il y a un mois en Corée du Sud, où il avait même inscrit un doublé (5-0). Bien placé pour reprendre un ballon contré par Moussa Niakhaté, il a parfaitement ajusté Edouard Mendy d'un enroulé sec et précis, aux 18 mètres, dans le petit filet opposé (1-0, 28e).
« C'est un joueur agressif offensivement, il ne lâche rien »
Moussa Niakhaté, défenseur de l'OL et du Sénégal
Le défenseur central sénégalais ne lui en tenait pas rigueur, après le match : « C'est un joueur agressif offensivement, wow ! Il ne lâche rien, a souligné le joueur de l'OL. Franchement, il est bon. Jusque-là, je l'avais découvert à la télé. Il a un pied gauche particulier, et il n'arrête pas d'avancer sur le défenseur, un peu à la "Vini"... Ça va être un très, très bon joueur. Il a même de l'ego, il a déclenché la première embrouille du match, et ça aussi, c'est la marque d'un grand (Rires.) »
Un statut qui grandit à toute vitesse
Passé lui aussi en zone mixte, Estevao s'est montré bien plus timide face à la nuée de caméras que sur la pelouse, quelques instants plus tôt. Il fallait bien tendre l'oreille car il a parlé d'une toute petite voix, sourire en coin, pour dire « la sensation incroyable » qu'il avait d'être en Seleçao, appuyer sur « les conseils précieux » d'Ancelotti, et insister sur le fait que « maintenant, il faut continuer comme ça ». C'était assez banal, finalement, à l'inverse de son jeu fait de coups d'éclat.
Puis il a accepté des autographes et des photos avec certains journalistes brésiliens qui venaient de l'interviewer, ce qui n'est pas commun, signe que son statut est celui d'une icône en gestation, au pays. En passe d'être un titulaire à Chelsea, où il joue de plus en plus, Estevao est en train de se rendre indispensable en sélection, où il compte déjà 4 buts en 10 matches. Le souci, maintenant pour Ancelotti, sera de lui trouver une place quand Raphinha sera de retour en pleine forme. Mais beaucoup de sélectionneurs aimeraient avoir ce genre de problème.
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