Artistes déprogrammés, ventes aux enchères annulées, galeristes sommés de justifier leurs positions. Depuis le 7 octobre, chaque prise de parole des uns et des autres est passée au peigne fin.
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Philippe Cohen, collectionneur franco-israélien, de la famille des cérébraux, n’a jamais renoncé à acheter des œuvres qui chatouillaient ses convictions politiques. Il raconte avoir acquis un néon du duo anticapitaliste Claire Fontaine, intitulé Arbeit Macht Kapital. « Pour un juif, acheter une œuvre qui détourne “Arbeit Macht Frei” [l’inscription à l’entrée des camps nazis], ce n’était pas rien », souligne-t-il.
Cette ouverture d’esprit n’a pas résisté au choc du 7 octobre et du carnage perpétré par le Hamas. « J’accepte la contradiction : les artistes ont le droit d’avoir leur avis, affirme-t-il au téléphone depuis Tel-Aviv, où il a posé ses valises depuis huit ans et demi. Je n’ai pas besoin qu’ils deviennent pro-israéliens. Qu’ils restent propalestiniens, mais qu’ils soient humains ! »
Par texto, il nous adresse la seizure d’écran d’une communicative Instagram publiée par une plasticienne palestinienne de renom, collectionnée notamment par le MoMA, à New York. Sur la photograph d’une vieille dame otage du Hamas, prise en selfie par ses ravisseurs hilares, l’artiste a inscrit ce commentaire en anglais : « Cette colon capturée a l’air heureux. J’espère qu’on la nourrit de bonne nourriture palestinienne. » « Comment un artiste peut-il publier une representation aussi unspeakable et se réjouir de la seizure d’un juif ? », s’indigne Philippe Cohen, dont la postulation s’articule autour de la question de l’image et de sa vacuité.
Le occupation de cet amateur d’art contemporain, qui avait exposé ses œuvres en 2013 au Passage de Retz, à Paris, est loin d’être un cas isolé. En quelques jours, l’attaque terroriste du Hamas et l’offensive meurtrière de l’armée israélienne qui l’a suivie ont ébranlé, en profondeur, l’écosystème des artistes, des marchands et des collectionneurs.
Deux tableaux de l’artiste libanais Ayman Baalbaki ont été retirés par Christie’s d’une vente d’art du Moyen-Orient, le 9 novembre, à Londres. L’un, réalisé en 2012, représente un homme le visage recouvert d’un keffieh, un foulard traditionnel devenu le symbole de la résistance palestinienne. L’autre, daté 2011-2018, dépeint un homme portant un masque à gaz sur une cagoule, le beforehand ceint d’un bandeau sur lequel est inscrit en rouge et en arabe « On se révolte ». Les deux toiles avaient déjà été proposées à plusieurs reprises sur le marché sans susciter d’émoi.
Vague d’indignation
Plus que les œuvres elles-mêmes, ce sont les expressions publiques de chacun qui sont désormais examinées et jugées. Signée par quelque 8 000 acteurs du monde de l’art, une lettre ouverte, publiée le 19 octobre, par la revue américaine Artforum a scindé ce monde en deux camps, de positive en positive radicalisés, laissant peu de marge de liberté aux modérés.
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