Comme à son habitude, il venait de haranguer le public de Raymond-Kopa, et c'est lui, en deux temps après une énième montée sur son côté gauche, qui a offert à Angers l'égalisation contre le HAC (1-1), dimanche dernier. Clin d'oeil, Florent Hanin, 35 ans depuis mardi, a ouvert son compteur but en L1 face au Havre, sa ville de naissance et son club formateur, là où l'aventure s'était arrêtée soudainement quand il avait 18 ans. « Une petite claque dans la gueule deux ans après avoir signé pro qui m'a remis les pieds sur terre, concède le latéral, dont c'est la première saison en L1. J'étais jeune, j'avais mon groupe d'amis. Tu fais une belle soirée, deux heures après tu as entraînement... Je ne m'en cache pas, mais je le dis aux jeunes : profitez sans abuser. »
Car lui a dû s'exiler. Portugal, Grèce, Belgique, Suisse... « À Lierse (2014-2015), je ne fais plus le con, je me dis que le projet est pour moi. C'est l'inverse qui se passe. Les résultats ne sont pas bons, on est mis au placard par le propriétaire égyptien. En janvier, je m'entraîne à 6 heures du matin sur un synthétique parce qu'on est mis dans un loft, je suis blessé. Tu te dis que ça va être compliqué pour ma carrière, ça fait beaucoup de contretemps, mal à la tête. Tu remets tout en question. »
De manière inattendue, Hanin rebondit à Stromsgodset en Norvège, découvre les tours préliminaires de Ligue Europa et attire les clubs portugais Belenenses, puis Guimaraes. L'environnement est optimal, car sa femme est portugaise, et les performances suivent. Mais en 2020, nouveau coup dur, Guimaraes se lance dans une politique de trading et il faut à nouveau débusquer un nouveau challenge. Ce sera le Paris FC en Ligue 2, bien que le FC Porto soit venu le sonder deux jours après sa signature. Puis Angers donc, notamment grâce à un coup de fil passé par son ami et futur coéquipier Jordan Lefort, alors qu'il était sur une péniche face à la Tour Eiffel.
« La vitesse ? Les années pèsent un peu, mais on essaie de compenser »
Florent Hanin
Une montée plus tard, ce fan de Moto GP semble épanoui, toujours entouré par sa femme, trois enfants et son indissociable Beagle. « Il fait une saison hors du commun », pense son coordinateur sportif Laurent Boissier, qui l'avait fait signer gratuitement il y a un an et demi alors que Hanin était en rééducation. « Je n'ai plus rien à perdre, c'est ma force, assure celui qui doit être titulaire ce dimanche soir contre l'OM (20h45). La vitesse ? Les années pèsent un peu, mais on essaie de compenser. » Kopa le perçoit aussi comme cela et commence sérieusement à en faire un de ses chouchous.
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