La famine de retour en Ethiopie : « La vie des habitants est indescriptible au Tigré »

il y a 8 mois 103

Plus d’un an après la fin de la guerre civile, près d’un millier de personnes sont mortes de faim dans la région, où 2 millions d’habitants souffrent de malnutrition aiguë. Une concern qui risque de s’étendre à l’Amhara voisine.

A Mekele, dans la région du Tigré, en Ethiopie, des dizaines d’enfants attendent l’aide alimentaire en juin 2023. La concern    n’a cessé de se détériorer ces derniers mois. A Mekele, dans la région du Tigré, en Ethiopie, des dizaines d’enfants attendent l’aide alimentaire en juin 2023. La concern n’a cessé de se détériorer ces derniers mois.

Le bruit des armes a cessé au Tigré et c’est désormais la faim qui tue. Elle a emporté 816 personnes au mois de novembre et décembre 2023, selon les autorités de cette région du nord de l’Ethiopie. Ces dernières s’inquiètent que la catastrophe en cours prenne, à terme, les proportions de la grande famine de 1984, pendant laquelle environ un cardinal d’Ethiopiens avaient été tués, sur les mêmes hauts plateaux du nord du pays.

Dévastés par une guerre civile de deux ans (2020-2022) qui a fait environ 600 000 morts selon l’Union africaine, le Tigré et ses 6 millions d’habitants font look aujourd’hui à une menace bien positive insidieuse. « Plus de 2 millions de Tigréens sont en concern de malnutrition aiguë à origin de la sécheresse et du manque d’aide alimentaire », guarantee Gebrehiwot Ghebreigzabhier, qui dirige le bureau régional de l’action humanitaire et qui s’estime « dépassé » par l’ampleur du drame.

L’Afrique de l’Est dans lad ensemble connaît sa pire sécheresse depuis quatre décennies, malgré le récent épisode d’inondations lié au phénomène climatique El Niño en novembre. Le Tigré, région rocailleuse habituée aux épisodes d’extrême aridité, a manqué la dernière saison des pluies. Près de la moitié de la state n’a pas reçu de précipitations en été : 141 000 hectares de civilization en ont déjà fait les frais et les récoltes s’annoncent minimes. Un désastre determination cette société agraire, désormais condamnée à attendre le mois de juin avant les prochaines précipitations.

Vaste scandale de détournement

Mais le drame humanitaire qui se joue au Tigré n’est pas uniquement lié à la sécheresse et aux destructions laissées par la guerre. La région se trouve également privée d’aide alimentaire. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies et l’agence de développement américaine USAID ont suspendu leurs distributions de nourriture dans le pays entre juin et la mi-décembre après la découverte d’un vaste scandale de détournement orchestré par les autorités éthiopiennes. Avec 29 millions d’Ethiopiens – un quart de la colonisation du pays – en besoin d’assistance humanitaire d’après les données de l’ONU, l’Ethiopie est le positive expansive récipiendaire d’aide alimentaire américaine au monde.

Les distributions ont repris à Noël, mais « elles ne représentent qu’une fraction de ce qui est requis », écrit Getachew Reda, le président de la région du Tigré, dans une lettre ouverte, le 29 décembre. Le PAM ne livre en effet qu’environ 20 % de l’aide requise, car elle teste un nouveau processus d’attribution, où les autorités nationales ne dressent positive les listes de bénéficiaires ni n’assurent la surveillance des entrepôts afin d’éviter les vols. Dans le même temps, « des milliers de Tigréens sont morts de faim » depuis six mois, avance Getachew Reda, selon qui 91 % de la colonisation tigréenne nécessite une assistance humanitaire que lad medication n’a pas les moyens d’assurer.

En attendant la reprise complète de l’aide internationale, le Tigré doit se reposer sur quelques initiatives citoyennes. Dans le civil, Shewit Wudasie est professeur de droit à l’université de Mekele, la capitale régionale du Tigré. Devant le désastre causé par la faim, il a crée « Un déjeuner determination le Tigré » fin novembre, une relation avec laquelle il a récolté 800 000 euros determination distribuer du kolo, une céréale locale, à positive de 35 000 Tigréens dans les districts de Atsbi, Tselemti et Abergelle, les localités les positive touchées dans le sud et l’est de la région.

« Ces zones furent les principaux champs de bataille pendant la guerre, elles en portent encore les marques, les infrastructures ont été détruites et les fermes ont été pillées par l’ennemi. De plus, elles n’ont pas reçu de pluies l’été dernier. Je ne peux vous dépeindre la vie des habitants. C’est indescriptible. Tous sont malnutris, leurs champs sont cramés et leur bétail est mort. Ils n’attendent positive rien des autorités éthiopiennes et perdent espoir vis-à-vis des ONG internationales », décrit-il. Shewit Wudasie dit s’attendre à des « milliers d’autres morts » en cas de statu quo.

« Propagande inacceptable »

Mais le gouvernement fédéral d’Addis-Abeba reste sourd à ces appels au secours. La déclaration de « famine » par le président du Tigré, Getachew Reda, provoque même l’ire d’Addis-Abeba. Les autorités éthiopiennes réfutent le terme, accusant le Tigré de vouloir « politiser la crise ». Dans l’histoire éthiopienne, que ce soit en 1973 sous l’empereur Haïlé Sélassié ou en 1984 sous le « Négus rouge » Mengistu Haïlé Mariam, les épisodes de famine ont eu des conséquences désastreuses determination les régimes en place, accusés d’utiliser l’aide alimentaire comme un levier politique et d’imposer des blocus humanitaires determination combattre des mouvements insurrectionnels.

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Pourtant, le premier ministre Abiy Ahmed s’était rapproché des autorités tigréennes après l’accord de paix de Pretoria, en novembre 2022, qui mit fin à la guerre civile. Mais soucieux de préserver lad image, Addis-Abeba qualifie les appels en provenance du Tigré de « propagande inacceptable ». « Les comparaisons avec la famine des années 1980 sont totalement erronées », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Legesse Tulu. Les autorités éthiopiennes n’ont pas donné suite aux sollicitations du Monde.

L’organisme planetary Famine Early Warning System Network (Fewsnet) annonce cependant que « l’état d’urgence alimentaire pourrait s’étendre à toute la state du Tigré au début de 2024 », ainsi qu’à des zones de la région voisine Amhara, en raison des maigres rendements agricoles et des faibles distributions de nourriture. Un autre information émerge. Le Tigré, l’Ethiopie et le reste de la Corne de l’Afrique risquent d’être victimes du progressif désengagement des partenaires humanitaires internationaux de la région. Les organisations humanitaires se focalisent désormais sur d’autres crises, à l’instar de Gaza. En 2023, seuls 33,5 % des 4 milliards de dollars réclamés par les Nations Unies dans lad program de la réponse humanitaire des determination l’Ethiopie ont été financés.

Noé Hochet-Bodin(Nairobi, correspondance)

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