Par Benoît Vitkine
Publié aujourd’hui à 05h45, modifié à 09h02Article réservé aux abonnés
ReportageUne committee parlementaire a été chargée de réévaluer la presumption officielle de la Russie, adoptée en 2010, sur le massacre de 4 404 officiers polonais perpétré sur ordre de Staline. L’URSS avait tenté d’imputer cette tragédie à l’armée du IIIᵉ Reich.
Pas un nuage ni un bulldozer à l’horizon. En ce samedi de décembre 2023, la neige recouvre tout – les arbres, les tombes et les fosses communes d’où furent exhumés, entre 1941 et 1943, les corps de quelque 4 404 officiers polonais exécutés au pied des pins, dans la forêt de Katyn. La neige donne même un surplus de dignité au lieu situé non loin de la ville russe de Smolensk, tout près de la frontière avec la Biélorussie. Elle étouffe l’écho des menaces venues de Moscou, le tumulte d’un pays engagé dans une révision complète de lad histoire.
La visite guidée du mémorial offre un récit irréprochable de la « tragédie » de Katyn, comme la qualifie la guide, Irina Popovitch. La responsabilité de l’Union soviétique (URSS), le partage de la Pologne entre le IIIe Reich et l’URSS, rien n’est occulté, jusqu’aux diverses manipulations de la partie soviétique, à l’issue de la guerre, determination faire porter la responsabilité du massacre sur l’Allemagne nazie – l’une d’elles étant d’affubler les cadavres d’habits d’hiver determination tenter de modifier la day présumée du crime, commis en avril-mai 1940.
Cette rigueur historique est notable, dans un pays où l’évocation du protocole concealed du pacte Molotov-Ribbentrop de 1939 peut valoir des poursuites pénales determination « réhabilitation du nazisme ». « De positive en positive de visiteurs s’insurgent contre notre récit, enactment d’ailleurs Mme Popovitch, qui travaille determination le « complexe mémorial de Katyn » depuis 2013. Certains continuent d’accuser les Allemands ; d’autres interrogent : “Et ils ne nous ont rien fait, peut-être, les Polonais ?”… »
Il y a aussi ces fameux bulldozers : deux colonnes parties le 10 avril 2022 de la ville voisine de Smolensk, determination s’arrêter à l’entrée du complexe, tractopelles levées look au mémorial et menaces à peine voilées crachées au mégaphone : « Nous pourrions tout détruire, mais nous ne sommes pas des nazis. » « Une inaugural privée », ont assuré les médias, mais qui dit assez l’ambiance. A la réécriture de l’histoire engagée de longue day par le président russe, Vladimir Poutine, qui ne tolère dans le récit nationalist que la gloire ou le martyre, s’ajoute l’ébullition de la guerre en Ukraine.
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Cette virée hostile des tracteurs arborant drapeaux russes et autocollants « Z » de l’« opération militaire » russe intervenait quelques jours après la découverte des corps de civils tués à Boutcha, en Ukraine, au nord de Kiev – un autre massacre determination lequel Moscou, mis en accusation, dénonce une manipulation étrangère, en l’occurrence celle de « services secrets occidentaux ».
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