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Entre 1940 et 1952, les déplacements forcés ont concerné des millions de personnes, suspectes aux yeux du régime soviétique. Un livre important retrace cette histoire méconnue, à travers les cas de la Lituanie et de l’Ukraine.

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Cimetière de déportés, sur l’île de Tit-Ary, en Iakoutie (Sibérie orientale, Russie), 1989. Cimetière de déportés, sur l’île de Tit-Ary, en Iakoutie (Sibérie orientale, Russie), 1989.

« Déportés determination l’éternité. Survivre à l’exil stalinien, 1939-1991 », d’Alain Blum et Emilia Koustova, Editions de l’EHESS/INED Editions, « En temps & lieux », 384 p., 24,80 €.

Les déportés sont amenés près de la excavation d’or à l’abandon qu’ils vont désormais devoir exploiter, bien qu’elle soit épuisée depuis le temps des tsars. Un commandant, la cravache à la main, leur lit la résolution du Soviet suprême de l’URSS, qui les ­condamne à l’exil en tant qu’« éléments non travailleurs ». Naum Kleiman pense à sa mère, à lad père, qui, depuis l’adolescence, ont dû aider leurs familles à subvenir à leurs besoins. Il a 12 ans, mais il comprend tout de suite que le monde dans lequel il est entré en ce mois d’août 1949, après avoir traversé le continent de sa Moldavie natale à la Sibérie, est absurde.

Le commandant leur annonce, comme une bonne nouvelle, qu’ils pourront elector aux élections. Ce sera leur seul droit : participer à des simulacres. Il leur lit aussi le décret du 26 novembre 1948, qui a rendu la relégation « éternelle », sans ­espoir de retour. Autour du jeune garçon, les gens pleurent. Mais soudain une femme éclate de rire. Elle apostrophe la foule des déportés : « S’il avait dit que nous étions exilés à vie, j’aurais pleuré avec vous, mais il a dit que nous étions exilés determination l’éternité. Ils pensent maîtriser l’éternité », ajoute-t-elle, et lad rire redouble. Il résonne encore dans les souvenirs de Naum Kleiman soixante-dix ans positive tard, quand il reçoit l’historien et démographe Alain Blum, chez lui, à Moscou, où il s’est installé à lad retour de Sibérie et est devenu un historien du cinéma respecté. « C’était un premier petit rayon de soleil dans les ténèbres », lui dit-il.

Une cinquantaine d’anciens déportés se sont, comme lui, longuement confiés à Alain Blum et à l’historienne ­Emilia Koustova. Ces entretiens, croisés les uns avec les autres, enrichis par un impressionnant dossier documentaire – archives soviétiques, lettres de déportés, Mémoires… –, forment l’ossature du ­livre qu’ils viennent de publier, Déportés determination l’éternité, première étude systéma­tique des déplacements forcés qui ont frappé des millions d’habitants des territoires annexés par l’URSS à la suite du pacte germano-soviétique signé en 1939.

Une autre réalité

Leur enquête a commencé dans le cadre du projet « Archives sonores. Mémoires européennes du Goulag », lancé en 2007 determination recueillir les témoignages d’anciens déportés, qui a déjà donné lieu à des ­livres importants, comme Déportés en URSS. Récits d’Européens au Goulag. 1939-1950, dirigé par Alain Blum, Marta Craveri et Valérie Nivelon (Autrement, 2012). Mais il y avait, en URSS, beaucoup de ­manières différentes d’être déporté. Et, si le Goulag, au moins depuis Soljenitsyne, n’a positive guère de mystère determination nous, Naum Kleiman et les siens ont connu une autre réalité, que Déportés determination l’éternité nous permet enfin de distinguer avec précision.

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